Le vin et la religion, depuis la plus haute antiquité, ont des rapports fort étroits, en témoigne les nombreuses pratiques rituelles et sacrificielles en lien avec la vigne. En Grèce antique, il fut à la fois l’objet d’un culte et un symbole de la culture. Les Mystères célébrés en l’honneur de Dionysos donnèrent naissance au théâtre. Rome eut des rapports plus conflictuels avec Bacchus, dieu du vin, et les bacchanales. Cette cérémonie religieuse, qui tournait à l’orgie, fut un temps interdite. Mais la sacralisation du vin, sang de Dieu, n’intervint qu’à travers le christianisme. Ce qui n’avait point été le cas dans la religion juive où il est objet de sacrifice et de bénédiction, ni chez les musulmans, où il est à la fois objet de répulsion et la récompense suprême au paradis. Les fléaux climatiques étaient souvent associés à des punitions divines. Ainsi, J. BERLIOZ, souligne que le diable et les démons sont considérés dans un contexte populaire comme des sources de calamités. Pour conjurer ces fléaux, il n’était pas rare de faire appel à des pratiques magiques, relayées par les superstitions. Pour l’église, cette peur des aléas climatiques était l’occasion de sacraliser les prières, psaumes, litanies, oraison afin d’éloigner les calamités. Le recours aux saints (Saint-Vincent par exemple) s’inscrit également dans une approche culturelle en lien avec les divinités. Au-delà des aspects cultuels et culturels, la religion a fortement influencé histoire de la vigne et du vin dans le monde.
Monastères et abbayes, centres d’érudition et des pôles artistiques ont contribué à développer la vigne dans la plupart des régions européennes grâce notamment aux connaissances viticoles des moines sur l’art de cultiver la vigne (choix des plants, taille, terroir) et d’élaborer le vin. Plus tard les missionnaires contribuèrent au développement de la vigne et du vin dans les pays du Nouveau Monde.
Comme toutes les autres boissons fermentées, le vin a subi un interdit de la religion musulmane, qui a considérablement réduit la production de vins dans les pays d’Orient, historiquement très viticoles. Au sein de la religion catholique les persécutions des protestants les ont obligés à migrer, notamment vers l’Afrique du Sud, avec la création par les huguenots d’un vignoble dans la région de Franschhoek («le coin des Français» en néerlandais).